Services avancés : comment allier développement durable et productivité

  • Par Infos Domino
  • janvier 23, 2023
  • Avis d'experts
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Dans le passé, chercher à résoudre les problèmes environnementaux ne présentait aucun intérêt financier pour les responsables de production[i]. Soit ils œuvraient pour le développement durable au détriment de l'aspect économique, soit ils se focalisaient sur la productivité au détriment des questions environnementales. Aujourd'hui, l'écologie n'est plus contraire aux intérêts financiers des entreprises. Le développement durable peut être un catalyseur de réduction des déchets et d'économies, et peut également servir de tremplin à l'amélioration de l'image de marque, à l'innovation et aux opportunités commerciales.

L'Industrie 4.0 et les solutions connectées jouent un rôle essentiel dans la productivité durable. Toutefois, investir dans de nouvelles technologies peut sembler risqué sans garantie de retour sur investissement, surtout en cette période de volatilité des chaînes logistiques, d'instabilité du marché mondial et de hausse des coûts.

D'après Adem Kulauzovic, Director of Automation chez Domino, la réponse peut résider dans la servitisation : un modèle de réduction des risques qui permet aux organisations d'adopter une approche OPEX progressive en matière d'Industrie 4.0, et donc d'obtenir des résultats sur le plan de la productivité et sur le plan du développement durable.

Adem Kulauzovic

Le mythe : le développement durable est l'ennemi de la productivité

Historiquement, les augmentations de productivité ont parfois été obtenues au détriment du développement durable. En effet, l'augmentation du rendement et une utilisation accrue des ressources avaient un impact négatif sur l'environnement. D'autre part, lorsque la demande est élevée, ou lorsque la priorité est accordée à la productivité, les projets de développement durable sont relégués tout en bas de la liste, car ils considèrent que ces projets nécessitent beaucoup d'efforts et d'investissements. Mais un nouveau courant de pensée dit autre chose. Le développement durable et la productivité ne sont pas nécessairement mutuellement exclusifs.

L'Objectif de développement durable (ODD) des Nations Unies n° 12 stipule : « La consommation et la production durables visent à 'faire plus et mieux avec moins' ». Il s'agit d'un objectif que de nombreux pays s'efforcent d'atteindre, en s'engageant notamment à produire zéro émission nette de CO2 d'ici 2050. Même sans règlementation, les entreprises cherchent à améliorer leurs performances environnementales sous la pression des investisseurs, des clients finaux et de leurs propres collaborateurs.

Dans le secteur de la production industrielle, cela signifie que les entreprises sont plus durables quand leurs machines fonctionnent de manière optimale et quand elles s'efforcent de créer des produits de haute qualité plutôt que des déchets. Il n'y a pas de meilleur exemple que le secteur agroalimentaire. En effet, l'industrie agroalimentaire représente à elle seule plus d'un quart des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale, dont 18 % sont directement attribués à la chaîne logistique agroalimentaire. Lorsqu'un produit agroalimentaire est gaspillé, toutes les émissions générées par sa culture/son élevage et par la transformation des matières premières n'auront servi à rien.

Pour réduire l'impact global de la production agroalimentaire, les industriels doivent s'efforcer d'optimiser les processus de production afin d'éliminer les causes de gaspillage et de maximiser la quantité de produits frais vendables tout au long de la chaîne logistique et jusqu'aux consommateurs finaux. Il en va de même pour n'importe quel environnement de production. Les efforts et l'énergie investis dans des processus inefficaces seront moins durables au final, aussi bien sur le plan économique que sur le plan environnemental.

Améliorer le TRS grâce à l'Industrie 4.0

Pour mieux comprendre le lien entre développement durable et productivité, il suffit d'étudier les trois principales composantes de l'une des mesures de la productivité les plus utilisées à travers le monde, à savoir le Taux de Rendement Synthétique (TRS) : temps de disponibilité, rendement et qualité.

Le temps de disponibilité est la différence de temps entre le fonctionnement d'une ligne de production et l'arrêt de cette ligne, pour quelque raison que ce soit, pendant un tirage programmé. Les changements de produit sont l'une des causes de temps d'arrêt les plus courantes. Il s'agit du temps pendant lequel une machine continue à fonctionner au ralenti pendant qu'on prépare le tirage suivant. La rationalisation et l'automatisation des changements de produit grâce à l'Industrie 4.0 et aux systèmes connectés peuvent avoir un effet positif sur le développement durable et la productivité. Elles maximisent le temps pendant lequel une machine est utilisée pour fabriquer du stock vendable tout en minimisant l'énergie consommée inutilement pendant que la machine fonctionne au ralenti.

Le rendement est la corrélation entre la capacité maximale et la capacité réelle d'une ligne de production. Les lignes de production qui ne fonctionnent pas efficacement, en raison d'un défaut qui a ralenti une machine sur la ligne, par exemple, mettront plus de temps pour produire le même nombre de produits vendables et nécessiteront davantage d'énergie. En utilisant des solutions de surveillance des performances en temps réel, notamment des services basés sur le Cloud, les industriels peuvent surveiller la production et intervenir dès le premier signe de réduction du rendement afin que les machines continuent à fonctionner le plus efficacement possible.

La qualité vise à s'assurer que chaque produit soit fabriqué conformément à un standard vendable élevé, ce qui implique nécessairement des contrôles qualité. Dans le cas des denrées agroalimentaires, cette notion englobe la qualité intrinsèque du produit, ainsi que l'intégrité de son emballage pour optimiser sa durée de conservation en magasin et minimiser le gaspillage pendant le transport. Tout produit qui atteint la fin du processus de production et qui n'est pas vendable doit être réusiné (ce qui gaspille de l'énergie) ou mis au rebut (ce qui gaspille de l'énergie et des ressources). Dans les deux cas, c'est un échec sur le plan économique et sur le plan du développement durable. Les systèmes d'inspection par vision automatisés éliminent le risque que des problèmes de qualité passent inaperçus en raison d'erreurs humaines. De plus, ils assurent un contrôle nettement plus rigoureux des lignes de production, ce qui permet d'intervenir le plus tôt possible pour minimiser le gaspillage.

En plus de réduire le gaspillage et de minimiser les ressources utilisées pour créer du stock vendable, apporter des changements progressifs au TRS permettra aux industriels de débloquer du temps et de réaliser des économies. Ce temps et cet argent pourront ensuite être réinvestis dans d'autres améliorations, innovations et dans des initiatives supplémentaires en faveur du développement durable. Comme investir du temps dans la formation du personnel au concept Lean Six Sigma, ou étudier l'impact d'une nouvelle forme d'emballage durable sur la ligne de production.

Réduire les risques grâce à la servitisation

Même si tous les industriels aimeraient maximiser leur TRS et réduire leurs déchets, pour certains, l'investissement requis pour acheter les équipements de l'Industrie 4.0 peut sembler trop risqué, sans garantie de retour sur investissement. Cela peut notamment être le cas des PME ayant des capacités d'investissement limitées et des équipements existants vieillissants, surtout dans le contexte socioéconomique actuel.

La servitisation (un concept suivant lequel les clients paient pour un résultat ou un service au lieu d'acheter directement des équipements) peut offrir une solution intéressante à ce problème. En effet, la servitisation commence à se faire reconnaître auprès des organisations internationales, comme le Forum économique mondial, en tant que solution viable pour améliorer la productivité économique et contribuer positivement aux efforts mondiaux de décarbonisation. Les fournisseurs qui proposent des solutions de production dans le cadre d'un modèle de servitisation ont tout intérêt à s'assurer que ces produits continuent à fonctionner de manière efficace et constante dans la durée, maximisant ainsi les performances tout en minimisant le gaspillage.

Dans le cadre de l'Industrie 4.0, la servitisation signifie que les industriels travaillent avec un partenaire capable de leur offrir une solution de prestation de service alignée sur leurs objectifs : amélioration du temps de disponibilité, de la productivité et de la qualité. Grâce à ce modèle, non seulement le risque en termes de résultats est transféré au fournisseur, mais en plus, l'investissement peut être étalé dans le temps, selon un modèle OPEX plutôt que CAPEX.

En outre, avec ces contrats axés sur les services, les clients peuvent adopter une approche d'investissement LAER (pour « land, adopt, expand, renew ») que l'on pourrait traduire par « obtenir, adopter, étendre, renouveler ». Cela laisse de la place aux changements et à la flexibilité en fonction de l'évolution des résultats et des objectifs, tout en restant à la pointe de l'innovation grâce à l'accès continu aux dernières technologies.

La valeur de la servitisation en matière de productivité durable est indéniable, mais en tant que modèle de prestation de service, cette approche n'en est qu'à ses débuts. Domino est fier de participer à un projet d'étude sur trois ans, pour un coût de 1,8 million GBP, actuellement mené par Aston Business School’s Advanced Services Group pour le compte de l'Economic and Social Research Council britannique. Cette étude vise à prouver l'impact de la servitisation sur la productivité économique et les performances environnementales (c.-à-d. zéro émission nette et économie verte), et à utiliser ces informations pour influencer les politiques et les pratiques industrielles au Royaume-Uni.

Conclusion

Le développement durable et la productivité peuvent aller de pair. Mais pour faire de réels progrès en matière de développement durable sur le long terme, les entreprises doivent se focaliser sur les processus critiques pour les opérations de production actuelles, mais aussi sur les innovations de demain. En vous associant à un partenaire spécialisé dans l'Industrie 4.0 capable de garantir votre TRS, vous améliorerez votre productivité, vous minimiserez le gaspillage et vous donnerez à vos employés du temps à investir pour le développement durable.

[i] Noah Walley and Bradley Whitehead, “It’s Not Easy Being Green”, 1994

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