Les sociétés du monde entier sont confrontées à une pression réglementaire croissante pour assurer une meilleure améliorer traçabilité de leurs produits. Cette pression est double : nécessité de protéger la santé et la sécurité des consommateurs, d'une part, et nécessité de créer des chaînes logistiques évolutives plus transparentes, d'autre part.
Ces changements pourraient être considérés comme un mal nécessaire, une sanction pour imposer l'adoption de nouvelles solutions et processus fournissant des données supplémentaires, mais ce n'est pas obligatoirement le cas.
Comme l'explique Lee Metters, Directeur du développement des activités du groupe, Domino Printing Sciences, la traçabilité et la transparence exigent juste un simple code sérialisé, le lien essentiel qui relie un produit à sa provenance, son historique et ses données en ligne. En outre, les organisations peuvent utiliser les données en provenance de la sérialisation à bien d'autres fins positives que la conformité.
Focus sur la sécurité
Au cours des dix dernières années, un nombre exponentiel de gouvernements et d'autorités de réglementation ont exigé un échange de données plus important et plus strict afin de protéger la sécurité des patients et des consommateurs. Les codes 2D et la sérialisation ont souvent permis de satisfaire à ces exigences ; l'attribution d'un code individualisé ou variable aux articles permet d'identifier et d'assurer le suivi et la traçabilité de chacun d'eux tout au long de leur cycle de vie.
Jusqu'à récemment, les exigences réglementaires en matière de sérialisation* ne s'appliquaient qu'aux produits pharmaceutiques, aux dispositifs médicaux et au tabac. Toutefois, en raison de l'importance grandissante accordée à la transparence des chaînes logistiques à l'échelle mondiale, ces exigences ont commencé à s'étendre à d'autres industries, en particulier l'agroalimentaire. Par exemple, le système de suivi et de traçabilité russe Chestny ZNAK a été lancé en 2017 pour les médicaments sur ordonnance et en vente libre et s'est développé depuis pour inclure l'eau et le lait en bouteilles. De plus, on s'attend à ce que la prochaine mise à jour de la loi américaine Food Safety Modernization Act de la FDA exige la sérialisation de certains produits agroalimentaires aux États-Unis.
Opportunités pour les chaînes logistiques
En général, les obligations de mise en conformité ont un coût pour les marques, et ne rapportent qu'un bénéfice commercial minime. Si la perspective de nouvelles exigences réglementaires en matière de sérialisation peut donc sembler décourageante, le fait est que la sérialisation des produits peut apporter des avantages considérables à une marque. Elle peut, par exemple, assurer la visibilité des produits pendant toute leur évolution dans la chaîne logistique.
Comme l'a constaté l'industrie pharmaceutique, la traçabilité des produits d'un bout à l'autre de la chaîne par le biais de codes 2D sérialisés et numérisables présente pour les marques des possibilités d'améliorer la gestion de leurs chaînes et d'éliminer les causes potentielles de gaspillage. Ces mêmes avantages s'appliquent également à l'industrie agroalimentaire, d'autant plus que la réduction des déchets alimentaires revêt aujourd'hui une très grande importance à l'international.
Grâce à la lecture de codes variables à chaque étape de la chaîne logistique, de l'approvisionnement initial en matières premières jusqu'aux données de vente au détail, les partenaires de la chaîne peuvent consulter des informations sur la provenance et l'acheminement de chaque produit. Cette visibilité accrue peut permettre d'identifier les problèmes et les sources de gaspillage à chaque étape de l'acheminement d'un produit, générant ainsi les informations requises pour gérer une chaîne logistique de manière plus efficace.
Le partage de données tout au long de la chaîne logistique peut également fournir des informations sur les niveaux de l'offre et de la demande dans différentes régions, donnant aux fabricants la possibilité de gérer leur production de manière à répondre aux besoins en aval et en amont. L'amélioration de l'efficacité de la chaîne logistique permet de réduire le gaspillage et d'éliminer les sources d'inefficacité tout en permettant aux marques d'offrir aux consommateurs une plus grande diversité de produits alimentaires frais, avec une durée de conservation plus longue.
L'effort de transparence
Les marques ne sont pas seules bénéficiaires des avantages de ce type de données détaillées sur la chaîne logistique : il est désormais largement reconnu que l'amélioration de la transparence dans la chaîne alimentaire est indispensable à la croissance et au développement durables.
En effet, l'un des 17 objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) vise, d'ici 2030, à établir des modes de consommation et de production durables (ODD12) il a notamment pour cible de réduire de moitié à l’échelle mondiale le volume de déchets alimentaires par habitant au niveau de la distribution comme de la consommation et de réduire les pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris les pertes après récolte.
Au Royaume-Uni, la Stratégie alimentaire nationale, un rapport indépendant à l'attention du gouvernement, a recommandé la création d'un programme de données sur le système alimentaire national afin de collecter et partager des données dans le but d'améliorer la santé et le bien-être des citoyens ainsi que l'environnement. Il préconise l'élaboration d'un programme qui ne comprend pas seulement des données sur les cultures et l'élevage, mais aussi sur « la production agricole, la distribution et le commerce de détail ainsi que les impacts des aliments sur l'environnement et la santé. »
De même, d'autres gouvernements étudient des solutions pour fournir une piste d'audit des données concernant la chaîne alimentaire.
En 2020, le ministère de l'Agriculture des États-Unis a proposé l'implémentation de la technologie blockchain pour assurer la traçabilité des produits alimentaires biologiques à travers la chaîne logistique. L'agence de contrôle des produits alimentaires et pharmaceutiques du district chinois de Chongqing Yuzhong a mis à l'essai la blockchain pour faciliter la traçabilité et l'assurance qualité dans les chaînes alimentaires et pharmaceutiques. En effet, la Chine est l'un des premiers pays du monde à avoir adopté des solutions à base de blockchain, et le gouvernement central devrait publier une norme nationale blockchain dans le courant de l'année.
De plus, les entreprises telles que TagOne, WholeChain et IBM proposent aussi des solutions basées sur la blockchain à l'industrie agroalimentaire pour lui permettre d'améliorer la traçabilité tout en atteignant plusieurs objectifs sous-jacents : réduction des déchets alimentaires, amélioration de la fraîcheur et de la sécurité alimentaires, augmentation de la durabilité et de l'efficacité des chaînes logistiques.
La technologie blockchain est-elle la meilleure solution ?
Pour de nombreuses entreprises, le concept de blockchain reste vague et difficile à comprendre. Et pourtant, tous les producteurs agroalimentaires connaissent les étiquettes à données variables et les codes sérialisés, ces codes de produits sous-jacents qui assurent traçabilité et transparence en reliant les produits physiques au monde en ligne.
La première et la plus simple des étapes vers l'amélioration de l'efficacité de la chaîne logistique est celle de l'adoption de codes 2D variables pour faciliter l'échange de données. Propre à chaque produit, le code sérialisé génère les données les plus détaillées, mais même les identifiants au niveau du lot peuvent fournir un certain degré de transparence.
Une autre étape consiste à mettre en place un système qui collecte les données à chaque étape de la chaîne logistique et les stocke afin qu'elles soient accessibles instantanément. Un système basé sur la blockchain peut alors fournir une assurance supplémentaire absolue sur l'exactitude des données.
Le code 2D variable est un lien essentiel qui relie un produit physique à toutes les données en ligne le concernant tout le long de la chaîne logistique.
Conclusion
Sous l'effet de la réglementation, des initiatives ESG des entreprises et de la demande des consommateurs, le monde est sur la bonne voie pour améliorer l'identification des données et en accélérer le partage, ce qui peut permettre d'améliorer considérablement l'efficacité des chaînes logistiques. Certaines entreprises peuvent faciliter le processus en fournissant le back-end, p. ex. des solutions blockchain ou des systèmes de gestion de chaînes logistiques. Ces solutions ne peuvent apporter les résultats escomptés que s'il existe un lien avec le produit physique. Par conséquent, les producteurs et fabricants doivent s'assurer que leurs systèmes sont en mesure de fournir ce lien.
Mais la bonne nouvelle est que l'adoption de la sérialisation ne devrait pas poser de gros défis. La technologie de codage de données variables sous-jacente est déjà en place pour assurer la traçabilité et l'authentification afin de fournir le lien manquant entre les produits physiques des producteurs et le monde en ligne et d'assurer la véritable durabilité des chaînes alimentaires.
* La réglementation comprend notamment la Directive européenne relative à la prévention de l'introduction de médicaments falsifiés dans la chaîne d'approvisionnement, adoptée initialement en 2011, qui fournit des lignes directrices harmonisées pour assurer la sécurité des médicaments et le contrôle approprié de leur commerce dans l'Union européenne ; la loi fédérale américaine Drug Supply Chain Security Act (DSCSA), adoptée en 2013 et portant sur l'identification et la traçabilité de certains médicaments sous ordonnance ; et les nouvelles lignes directrices de sérialisation pour les produits pharmaceutiques publiées par l'Agence nationale de contrôle des produits pharmaceutiques (CNDA) de Chine.
